Le piétonnier de Bruxelles, Matthias Colboc, Institut Saint-André (Ixelles)

Une analyse de Matthias Colboc, élève de 6D de l’Institut Saint-André d’Ixelles.

A lui seul, le projet du piétonnier de Bruxelles semble incarner les aspects les plus médiocres de la politique de travaux publiques de la capitale ; mauvaise communication entre les riverains et les autorités commanditaires du projet, travaux longs et intempestifs, complications quant à la fluidité du trafic, etc, … Mais pourquoi ce projet, qui part d’une excellente intention, est-il la cible de tant de critiques ?

Tout d’abord, le projet du piétonnier de Bruxelles est le fruit d’une réflexion mûre et bien venue : limiter l’accès des voitures au centre de Bruxelles. Cette décision permettrait de réduire l’usage de automobiles dans la capitale belge et de favoriser d’autres moyens de transport (vélo, transports en commun, …) rendant ainsi l’air de Bruxelles plus respirable, premier pas vers une ville propre et verte.

Cependant, Bruxelles, telle qu’elle est aujourd’hui, est une ville qui réclame presque l’usage de la voiture ; les transports en commun ne sont pas assez présents et accessibles, les trains souvent en retard, les pistes cyclables trop peu nombreuses et les routes tellement souvent en travaux qu’on en vient même à oublier le trajet initial de certains bus et trams tant ils sont déviés. Même si le projet de piétonnier ne touche qu’une certaine partie du centre de Bruxelles, une ville qui décide de limiter l’accès aux automobilistes se doit d’offrir une contrepartie.

Par ailleurs, les riverains, ceux-là mêmes qui doivent endurer des mois de travaux sur le pas de leur porte, n’ont presque pas été concertés ou même contactés lors de la mise en place de ce projet. Cette conduite des autorités responsables est inadmissible car il va de leur devoir, d’une part, de s’assurer du confort et conditions de vie des intéressés (conditions de vie aggravées par les nuisances sonores, les poussières causées par les travaux …) et d’autre part, de faire leur politique en fonction de leurs concitoyens, et non les écarter de toute décision politique les concernant directement.

Aussi, les commerces des environs ont terriblement souffert de cette période de travaux. Comment voulez-vous maintenir un commerce à flot lorsque personne ne passe devant ? Il est impossible de tenir un restaurant ou un commerce dans une rue en chantier, si bien que certains ont été contraints de fermer leurs portes.

À cela s’ajoutent le prix des travaux (autour de 10 millions d’euros) et la durée du projet (7 mois à l’origine, mais le retard s’est accumulé). Comment demander sans cesse à des gens de payer pour des travaux qui n’en finissent pas ? C’est sans doute cela qui exaspère l’ensemble des concitoyens, et surtout les riverains, victimes directes des travaux sans fin.

Néanmoins, ce projet n’a pas que des mauvais aspects. Il permettra notamment d’offrir une plus grande place aux piétons dans Bruxelles, permettant la floraison de commerces en tout genre le long du piétonnier. Il permettra aussi d’entraîner les Bruxellois à considérer d’autres moyens de transport que la voiture.

Bien que ce projet subit de vives critiques, il est nécessaire pour Bruxelles d’effectuer sa transition écologique. Le plus difficile était de lancer la machine, espérons maintenant que d’autres projets suivront dans les années à venir et que les mentalités des gens évolueront, poussant toute la société vers des moyens de transport plus respectueux de l’environnement.